L'illettrisme en France aujourd'hui: qu'est-ce que l'illettrisme ?
La première question que l’on pourrait se poser est la suivante : qu’entend-on par une personne en situation d’illettrisme?
C’est une personne qui a été scolarisée en France selon le temps obligatoire de scolarité, c’est-à-dire de 6 à 16 ans ou de 6 à 14 ans pour les plus âgés et qui n’a pas réussi à apprendre à lire, à écrire, à calculer ou à consolider ces apprentissages. Par conséquent, c’est quelqu’un qui n’est pas autonome dans son quotidien. Actuellement, 7% de la population âgée de 18 à 25 ans est concernée, soit 2,5 millions de personnes. La moitié d’entre eux ont plus de 45 ans et plus de 50% exercent une activité professionnelle. La plupart sont issues de familles françaises.
En matière de répartition géographique, la moitié d’entre eux vit en zone rurale ou peu peuplée et 10% en zones urbaines sensibles.
Quelles sont les causes de ces difficultés ?
Elles sont liées à des difficultés familiales, professionnelles, sociales, de santé. Les souvenirs scolaires sont douloureux. Leur vie professionnelle d’adulte ne leur permet pas de lire et d’écrire au quotidien pour tenter d’améliorer les difficultés initiales ce qui crée progressivement un oubli des acquis.
Les jeunes
Chaque année, l’armée fait remonter des chiffres concernant le niveau de lecture chez les jeunes qu’elle reçoit lors de la journée d’appel à la défense. En 2018, 77,6% de ces jeunes étaient des lecteurs efficaces. Parmi eux, seulement 62% sont de très bons lecteurs. Les 15,6% restants sont dans une situation plus fragile. Selon leur activité professionnelle, ils amélioreront leur niveau ou le verront se détériorer. Plus de 22% sont dans une situation plus ou moins compliquée (5,2% sont en difficultés sévères, 6,3% en très faibles capacités de lecture, 10,9% sont des lecteurs médiocres). Derrière ces chiffres se cache une lecture trop lente qui engendre des difficultés de compréhension d’un texte, un manque de vocabulaire ou encore la confusion de mots.
Leurs souffrances
Elles sont quotidiennes et elles touchent tous les domaines de la vie (privée, professionnelle, sociale). Ces personnes développent un sentiment de honte, un manque d’estime d’elle-même, elles rencontrent des difficultés pour se déplacer, pour prendre de l’argent au distributeur, pour faire leurs courses, pour suivre la scolarité de leurs enfants, pour lire une notice, un planning, pour calculer des quantités, pour communiquer, etc. Il se développe parfois des incompréhensions au sein même de la famille générant des conflits.
L’usage des nouvelles technologies pose aussi un problème.
Ces personnes utilisent des stratégies de contournements pour que leur handicap ne soit pas repéré (manque de temps, oubli des lunettes, absence de stylo, etc).
Elles sont obligées de s’appuyer constamment sur des personnes-ressources pour se faire aider.
En parallèle, elles développent d’autres capacités, notamment la mémoire.
Comment les repérer ?
Si dans un magasin, vous voyez un client confier son porte-monnaie à la caissière prétextant qu’il a oublié ses lunettes. En général, nous reconnaissons les billets à leur couleur et les pièces à leur taille, donc un oubli de lunettes ne gêne pas énormément.
Si une personne vous demande l’itinéraire pour se rendre à un rendez-vous, mais elle ne connaît pas le nom, ni l’adresse de l’endroit où elle doit aller (par exemple : à quel endroit se trouve le dentiste alors qu’il y en a 4 dans le même quartier. Vous lui demandez de préciser le nom du dentiste ou l’adresse, elle ne sait pas, elle n’a rien noté).
La personne qui demande le prix d’un produit dans un magasin alors que la réponse est devant ses yeux.
Comment se comporter ?
Le plus naturellement possible. Surtout, ne portez pas de jugement, fournissez le renseignement de manière neutre.
Et après ?
C’est là que les difficultés commencent pour celles et ceux qui souhaitent aider.
Si vous ne connaissez pas du tout la personne, il vous sera probablement difficile d’aller plus loin.
Dans le cadre amical ou familial, il vous sera déjà plus facile de proposer une aide directe ou d’orienter la personne vers une formation.
Dans le milieu professionnel, il y a la possibilité de l’orienter vers la DRH qui a l’habitude d’établir des bilans et de proposer des formations.
Dans tous les cas, il faut garder à l’esprit que cette personne a peur, qu’elle ne se sent pas capable. Donc, bien souvent, ce qui déclenche l’envie de s’y remettre, c’est un évènement bouleversant dans leur vie. Ils ressentent alors un profond besoin qui les aidera à surmonter leurs peurs.
En attendant le prochain article, retrouvez-moi au quotidien sur ma page Facebook.
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